Qui-suis-je

« Seul est digne de la vie qui chaque jour part pour elle au combat » (Goethe).

Je suis née à Prague, en 1947, héritière des restes de l’Empire austro-hongrois, à la fois par mon appartenance à la culture tchèque et la culture ukrainienne de Galicie. Ma famille a été décimée deux fois. D’abord, au service de l’Empereur François-Joseph, lors de la Guerre 14-18. Ensuite, par la volonté hitlérienne. Pour ma part, j’ai grandi dans l’idéologie communiste.

Mes errances identitaires ont été stoppées en août 1968, par 600.000 soldats soviétiques qui ont envahi la Tchécoslovaquie et écrasé son rêve du « socialisme à visage humain ». A mon tour, j’ai dû fuir à l’étranger.  A Prague, on va me condamner, en tant que « traître à la patrie », à la prison ferme. Désormais, tous les liens avec mon pays d’origine vont être tranchés. Me voilà, pour de longues années, une réfugiée politique.

En Suisse, j’ai décidé de reconstruire ma vie. Patiemment, bien que dans la douleur. J’y ai planté mon Arbre de Vie. Ma nouvelle patrie m’a permis de survivre, puis d’apprendre à vivre, depuis plus de cinquante-six ans. D’ailleurs, l’enseignement de Victor Frankl m’y a poussée, sans concessions : « Pour survivre, il faut cultiver une raison de vivre », affirme le psychiatre, après avoir survécu aux camps de concentration nazis.

J’y ai repris mes études. J’y suis devenue mère. A côté de mon enseignement au niveau secondaire et universitaire, à côté des cours de yoga dispensés pendant vingt-cinq ans, j’ai écrit une bonne vingtaine de livres, une grande quantité d’articles, j’ai ouvert deux écoles de formation (Ecole supérieure de yogathérapie et l’Ecole de sophro-relaxologie psychocorporelle), ainsi que mon cabinet de thérapie en sophrologie, sexologie et consultations conjugales.

Je continue d’écrire, de soigner, et de donner des conférences, fidèle au credo de mon compatriote Franz Kafka : « La littérature doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. »